Le Jacquemart ou l'horloge de Notre-Dame

Publié le par Dijonnette

Philippe le Hardi, quatrième fils du roi Jean était Duc de Bourgogne. Il avait un tempérament plutôt agité et rêvait sans cesse de batailles. Son ardeur était tempérée par son frère, Charles V. En 1380, Charles VI succéda à celui-ci et Philippe pu de nouveau donner libre cours à son humeur batailleuse.
En 1382, les habitants des Flandres s'étant révoltés, Philippe partit aussitôt défendre les intérêts de la couronne.

Le Duc, digne de son surnom Le Hardi, combat avec sa valeur ordinaire à la célèbre bataille de Rosebecque, gagnée, en novembre de la même année 1382, sur les rebelles, entre Lille et Courtrai. Vingt mille ennemis restent sur le champ de bataille ; tout l'honneur de cette journée est pour le Roi, et tout le profit pour le Duc de Bourgogne qui l'accompagne. Il est en effet dédommagé des frais immenses qu'il a fait dans cette guerre par le Roi et par le Comte de Flandre. Après cette bataille, Courtrai ayant fait difficulté de rendre à Charles VI les éperons dorés des chevaliers français tués sous ses murs en 1312, le vainqueur enlève de force l'horloge monumentale du beffroi de la ville et après son départ, le Roi fait mettre le feu à la ville. Cette horloge représente un personnage costumé en Flamand avec sa tunique à brandebourgs, fumant la pipe, et frappant les heures sur une grosse cloche de bronze au son grave qui vibre longuement dans les airs.

Elle fut donc transportée sur un char en direction de la capitale bourguignonne mais les cahots de la route furent néfastes à la cloche qui se fêla dans toute sa longueur. On la refondit sur le champ pour en faire une nouvelle de dimensions plus imposantes necore, de sonorité plus large et plus profonde.

L'horloge fut hissée en 1383 sur la tourelle à côté du portail de l'église de Notre-Dame. Quant au Flamand qui d'un geste lent et régulier battait le temps, onl'appela : " l'Homme qui fiert du martel".

Un siècle plus tard, un accident mystérieux étant survenu au mécanisme, on fit appel à un horloger lillois : Jacquemart Yolem. Il remit l'appareil dans un si bon état qu'on ne le surnomma plus que Jacquemart.

Pour les bourguignons, le Flamand observait la vie en dessous de lui et pensait.

On attribua les lamentations de Jacquemart à un trop dur célibat.
Une Flamande fut donc hissée à côté de lui, vêtue d'un petit casaquin et d'une courte jupe, coiffée d'un chapeau en galette et tenant un marteau semblable à celui de Jacquemart.

Dorénavant, ils se partageraient la tâche de mesurer les heures en frappant alternativement sur la cloche de bronze.
En 1651, Jacqueline avait désormais pris place à côté de Jacquemart.
Aux environs de 1714, un petit Jacquelinet vit le jour. Il était tout nu. Vite, ses parents lui apprirent à sonner les demies heures.
Jacquelinet, fils unique de son état, s'ennuyait là-haut. Aussi, il demanda une petite soeur.
En 1884, Jacquelinette vint au monde.  Ses parents décidèrent qu'elle sonnerai les quarts d'heures.

La petite famille a donc vu la cité à deux reprises envahie par la soldatesque germanique et s'est réjouie des victoires remportées.

Comme quoi le Jacquemart et sa famille ne sont pas près de ne plus donner l'heure aux passants...


© Chritophe Finot (Photographie)
© Contes et légendes de Bourgogne

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Livre de Jules Thomas, Epigraphie de l'église Notre-Dame de Dijon, Dijon Paris, E. Nourry, 1904, p. 74, 81-82.
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